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7 mai 2011

Ecrire sa nécrologie

Un journal local anglais a demandé aux habitants de la ville où il paraît d’écrire eux-mêmes leur nécrologie pour la publier le moment venu. Cette petite bourgade est peuplée de nombreuses personnes âgées qui ont tendance à mourir toutes en même temps. La feuille de chou est dépassée par la mortalité galopante.

De deux choses l’une : soit, il faut trouver un médecin capable de prolonger la vie des mourants au moins de quelques jours pour fluidifier le flot; soit, le journal, embauche des rédacteurs. Il doit bien exister dans les environs proches des gens au chômage dont la plume facile peut gratter rapidement une quinzaine de lignes. Ces personnes font une brève enquête auprès de la famille sur les disparus, pondent l’article, tout ça en deux heures. Quatre nécrologies par jour par auteur et le retard se rattrape allégrement.          

D'un autre côté, écrire sa propre nécrologie peut être instructif. On est certain qu’aucune bêtise ne sera publiée et que l’article sera conforme à ses dernières volontés. Si la trace qu’on laisse dans la mémoire des lecteurs n’est pas indéfectible, on aura toute sa mort pour se le reprocher mais ce sera de sa faute. Ensuite, c’est l’occasion de faire le bilan de sa vie, de se souvenir des étapes importantes et de se poser la question : « L’ai-je bien traversée ? ». Sans doute, qu’une fois rédigée, quelques « auteurs » répondront modestement que, finalement, cette nécro est inutile, au regard de la banalité de leur existence. D’autres, comprendront, in extremis, qu’il est préférable de la jeter au panier que de la faire paraître. Elle pourrait dévoiler quelques honteux secrets. Cela fait déjà beaucoup de monde d’éliminer. Ne resterait que les personnalités marquantes de la ville.

Si j'écrivais ma nécrologie, je noterai : "Débutée avec cinquante  minutes de retard parce qu'il ne trouvait pas un cri primal original à dire à ses parents, la vie de Bernard Kieken fut un chemin de croix. Entre les croisillons de son fauteuil roulant et les mots croisés qu'il publia sur le Net, entre son voeu avorté d'être moine et sa vie de famille sur laquelle il fit une croix par timidité, son existence se termina d’une façon toute bête : Un matin, son auxiliaire de vie le découvrit les bras en croix et les jambes décroisées. Elles, qu’il avait tant de mal à décroiser de son vivant.

Ce qui tendrait à prouver que mourir peut, parfois, être profitable. Rassurez-vous, chers lecteurs, je tenterai l’expérience le plus tard possible.

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